Mon enfant ne veut plus aller à l’école : refus scolaire anxieux ou phobie scolaire ?

Un matin comme un autre, votre enfant vous annonce qu’il ne veut pas aller à l’école ou au collège. Pourtant ce n’est pas dans ses habitudes, il aime apprendre, ses notes sont constantes, alors que se passe-t-il ? Vous l’interrogez : est-il malade, va-t-il être interrogé ou présenter un exposé, a-t-il peur d’un professeur ou instituteur, a-t-il rencontré un souci avec un autre enfant ? Nous allons vous aider à savoir s’il s’agit d’anxiété passagère ou d’une véritable phobie scolaire afin d’accompagner au mieux votre enfant.

Les signes avant-coureurs de la phobie scolaire :

Selon son âge et son tempérament, votre enfant ne va pas forcement vous dire qu’il ne veut pas aller à l’école. Cela va plutôt se traduire par des symptômes physiques comme des maux de ventre, maux de tête, vomissements, voire même poussées de fièvre. Pour les plus jeunes, si vous réussissez à la convaincre de se rendre en classe le matin, il n’est pas rare que l’on vous appelle dans la journée pour vous demander de venir chercher votre bout de chou qui est malade. Pour les plus grands, cela prendra la forme d’un passage à l’infirmerie ou le fait de « sécher » les cours. Et quand vous leur demandez si tout se passe bien à l’école ou en cours, vous vous heurterez probablement à leur mutisme ou à une réponse du type « non, non, rien de spécial, c’est juste qu’aujourd’hui je suis fatigué… ».

Quand se manifeste la phobie scolaire ? :

On constate généralement qu’il existe trois pics auxquels le syndrome peut se manifester : vers 5-6 ans (entre la maternelle et le CP), vers 10-11 ans (période CM1 jusqu’à l’entrée au collège) et enfin vers 14-15 ans (4ème-3ème). Cependant la phobie scolaire peut toucher toutes les tranches d’âge, allant parfois jusqu’à l’entrée à la fac. Les causes évoquées par les professionnels peuvent être multiples : peur de l’enseignant, anxiété liée à la séparation d’avec les parents, peur d’échouer chez les ados, dépression, phobie sociale, voire dans certains cas des facteurs internes à l’établissement scolaire comme le harcèlement de la part d’un ou plusieurs autre(s) élève(s) ou des difficultés d’apprentissage (ou à l’inverse une douance non détectée).

Alors, refus scolaire anxieux ou réelle phobie scolaire ?

La principale différence entre ces 2 syndromes est la motivation du refus de se rendre en classe.

Dans le cadre du refus scolaire, le plus souvent la raison du refus est insufflée par la peur de l’échec. Il s’agit d’une anxiété de performance qui se traduit par des manifestations physiques. Le terme de « blocage scolaire » pourra également être utilisé : l’enfant montre une appréhension à aller en classe mais ne le refuse pas systématiquement. Soumis à une pression parentale ou sociale, l’enfant angoisse de ne pas être à la hauteur et, par conséquent, de ne pas être aimé.

Dans le cadre de la phobie scolaire ce n’est pas le travail scolaire qui est en cause, mais le lieu en lui-même qui concentre l’angoisse. Dans ce cas, malgré sa volonté sincère d’aller en cours, l’enfant pourra être pris d’attaques de panique à la simple idée de franchir les portes de son établissement scolaire. Les manifestations physiques sont souvent spectaculaires (pâleur du visage, tremblements, transpiration importante, une accélération de plus en plus rapide du rythme cardiaque, une respiration difficile …) voire violents (cris, tentative de fugue sur le chemin de l’école, coups portés aux parents …)

Phobie Scolaire : quand agir ?

Avant tout dites-vous que tous les enfants peuvent être atteints de phobie scolaire. En effet de 2% à 5% des élèves dans les pays occidentaux sont sujets à ce trouble. Pour cette raison il est primordial de ne pas exprimer de jugement et de faire en sorte de ne pas montrer votre inquiétude. Assurez votre enfant de votre compréhension et de votre accompagnement, et rassurez-le sur le fait que des aides efficaces existent.

La phobie scolaire, quel que soit l’âge de l’enfant, doit être prise en charge rapidement afin d’éviter une déscolarisation.

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte :

  • A quel stade de la scolarité est apparu le trouble ? Il faut savoir que plus ce comportement apparait tardivement (fin du collège, lycée), plus il risque de mener à une désocialisation de l’adolescent.
  • Quel en est son intensité ? L’enfant arrive t’il à surmonter sa phobie souvent, ponctuellement ou plus du tout ?
  • Quels sont les troubles associés ? Trouble de l’estime de soi à une vraie dépression ? En sachant que ce problème peut faire survenir une aggravation de maladies anciennes comme l’asthme, les eczémas, les problèmes digestifs etc…

Que faire pour aider mon enfant souffrant de phobie scolaire ?

Avant tout il faut oser en parler avec lui, le plus posément possible dès que l’on a un doute.

Ensuite il est important d’aller sans délai consulter un professionnel de santé que ce soit un pédiatre, un médecin traitant ou un pédopsychiatre. C’est ce dernier qui identifiera le trouble et qui y associera un traitement si un syndrome dépressif est détecté par exemple. Il rassurera l’enfant, cherchera avec lui les raisons de sa souffrance et ils bâtiront ensemble une stratégie de retour à l’école. Un accompagnement via les thérapies douces peut également s’avérer très complémentaire, aussi n’hésitez pas à consulter dans un second temps un spécialiste des TCC (thérapies comportementales et cognitives), un hypnothérapeute qui aidera l’enfant à revenir à l’origine de la situation et à la surmonter ou encore un kinésiologue qui aidera l’enfant à travailler sur la confiance en lui et en l’avenir.

Il est également primordial de prendre contact avec la direction de l’établissement scolaire afin de leur exposer la situation. Ils pourront également vous fournir les cours et les devoirs à faire à la maison pendant une certaine période. A noter qu’envisager une scolarisation à domicile n’est pas forcément une bonne idée car il y a un réel risque de désocialisation. En revanche n’hésitez pas à recourir à une aide aux devoirs (organisme, jeune étudiant, professeur etc. …). Il est en effet essentiel que l’enfant garde à l’esprit qu’il pourra reprendre sa place en classe quand il sera prêt. Envisager un changement d’établissement n’est pas non plus à négliger si la source du problème est par exemple un harcèlement, tout en aidant l’enfant à construire sa confiance en lui afin d’éviter que la situation se reproduise.

Enfin maintenez un lien entre votre enfant et les jeunes de son âge. Invitez régulièrement ses copains à la maison, ne serait-ce que sous prétexte de lui déposer les cours, ou organisez des sorties à l’extérieur. Encouragez votre enfant à maintenir une activité extrascolaire, que ce soit du sport, de l’art, de l’associatif. Vous pouvez aussi envisager une rencontre avec des camarades ou pourquoi pas des encadrants à la sortie de l’établissement scolaire afin que votre enfant puisse reprendre contact en douceur avec la structure.

Dans tous les cas, pensez à ne pas culpabiliser votre enfant, assurez-le de votre soutien et de celui de toute la famille. Essayez autant que possible de lui épargner les tensions que cette crise pourrait faire surgir dans le cercle familial. C’est votre accompagnement et votre mobilisation qui lui permettront également de retrouver la confiance nécessaire pour surmonter cette épreuve.

Heureusement, de nos jours, la phobie scolaire et la détresse familiale qui l’entoure ne sont plus traités avec désinvolture par les professionnels de santé et les acteurs de l’école bien au contraire. Aussi n’hésitez pas à les solliciter pour trouver une issue à la situation. Gardez une attitude sereine et positive, c’est dans un entourage soudé et apaisé que votre enfant trouvera la force de dépasser cette période compliquée.